Radio : Actualité de Murray Bookchin

Murray Bookchin, militant libertaire américain mort en 2006, fondateur de l’écologie sociale et auteur de plusieurs ouvrages, semble redevenir d’actualité. Bien des luttes d’aujourd’hui pourraient en effet se réclamer de cette « écologie sociale » et se nourrir de sa pensée.

Mais en tant que promoteur du « municipalisme libertaire », Bookchin a aussi contribué à l’évolution de la pensée d’Ocalan, et à travers lui à l’évolution vers des positions autogestionnaires du parti kurde PKK. Helen Arnold et Daniel Blanchard, qui ont traduit certains de ses livres et qui l’ont bien connu, nous retracent son parcours de militant et de penseur.

Émission  de radio de « Vive la Sociale » sur FPP à réécouter ici.

Solidarité libertaire Paris-Kobanê le 1er novembre

Nous reproduisons ici l’article publié sur le site d’Alternative Libertaire, présentant un retour sur la manifestation du 1er novembre à Paris, et une synthèse du meeting anarchiste du 31 octobre à l’Académie des arts et cultures du Kurdistan.

Entre 5.000 et 10.000 personnes ont défilé à Paris, samedi 1er novembre, dans le cadre de la journée mondiale de solidarité avec Kobanê, assiégée par les djihadistes de Daech et menacée par les tanks de l’armée turque.

D’un même mouvement, toutes les formations libertaires (AL, FA, CGA, OCL, CNT-F, CNT-SO, CNT-AIT, collectif Anarchistes solidaires du Rojava) ont répondu présent à cette journée de protestation, pour réclamer « des armes pour le Rojava » et saluer la révolution au Kurdistan syrien.

Un fort contingent rouge et noir était donc présent à la manifestation parisienne, parmi les nombreux drapeaux rouge, jaune et vert caractéristiques de la gauche kurde.

Étaient également présentes des délégations des syndicats SUD-Solidaires, du NPA et du PCF, ainsi que de nombreuses organisations de l’extrême gauche turque, et des féministes.

Il faut noter, pour la première fois depuis le début des manifestations de soutien à Kobanê, l’apparition de drapeaux du Gouvernement régional du Kurdistan irakien. Le récent renfort de peshmergas à Kobanê n’y est sans doute pas étranger.

La marche s’est achevé par un émouvant meeting place de la République.

La veille au soir, un meeting anarchiste s’était tenu dans un haut lieu de la gauche kurde à Paris : l’Académie des arts et cultures du Kurdistan, rue d’Enghien.

Alors que quelques militantes et militants préparaient les banderoles et les pancartes pour la manifestation du lendemain, une centaine de personnes ont débattu de la situation :
- de quelle nature est la révolution au Kurdistan syrien ? Révolution sociale ou démocratique ?
- quel est l’équilibre entre le pouvoir populaire, le parti dirigeant (PYD), les milices YPG-YPJ ?
- quelle est la situation économique au Rojava ? (une campagne de soutien financier a été lancée par les libertaires).
- Kobanê a reçu l’appui aérien de la coalition arabo-occidentale, ainsi que des livraisons d’armes. Mais jusqu’à quel point peut-on être aidé sans perdre son indépendance ?
- quelle forme prend le mouvement des femmes ? (une mission féministe française part le 6 novembre au Kurdistan pour y rencontrer les actrices locales).

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INTRODUCTION AU MEETING ANARCHISTE DU 31 OCTOBRE 2014

Réalisée par un camarade du Collectif Anarchistes Solidaires :

Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades, chers frères et sœurs kurdes

C’est avec beaucoup de fierté, qu’en ce vendredi, veille de la journée internationale de solidarité avec Kobanê, je prends la parole dans votre meeting, au nom de l’initiative anarchiste de solidarité avec le Rojava, un collectif qui s’est constitué récemment sur Paris à l’initiative d’individus membres d’organisations libertaires ou non, et qui tente par différents moyens d’attirer l’attention et de développer une solidarité politique et matérielle avec les combattants et les combattantes de Kobanê et plus largement avec les peuples du Rojava en lutte.

Depuis six semaines la ville de Kobanê est le théâtre de combats acharnés de la part des volontaires des YPG et des YPJ. Sous les yeux du monde entier, la lutte des Kurdes pour défendre à la fois l’autonomie territoriale et politique du Rojava et résister jusqu’à la mort aux vagues d’attaques des mercenaires de l’État Islamique, force non seulement le respect et l’admiration, mais est en train d’ouvrir une nouvelle séquence à la fois pour le Kurdistan lui-même, mais aussi pour toute la région, et enfin pour tout ceux qui s’intéressent de près ou de loin à toutes les voies que prennent les tentatives d’émancipation.

La résistance de Kobanê est devenue résistance de l’ensemble des Kurdes, de toute la région et de toute la diaspora, un facteur de premier ordre dans le sentiment d’appartenance et de puissance, dans cette capacité aujourd’hui de prendre son destin en main, d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire de ce peuple certes opprimé, mais qui s’est toujours battu, les armes à la main, pour faire respecter sa dignité, son existence et son droit.

Mobilisation dont témoignent les dernières manifestations en Turquie qui ont connu un niveau de violence rappelant les années 1990 : plus de 50 morts en quelques jours, couvre-feu, déploiement de l’armée dans les villes. Mobilisation de milliers de Kurdes et aussi de Turcs solidaires à la frontière turco-syrienne pour afficher leur soutien au plus près des résistants et en défi vis-à-vis de l’armée turque. Mobilisation avec les centaines, les milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont forcé les barrages, découpé les barbelés et ont rejoint pour un jour, pour une semaine ou plus, les habitants qui refusaient de quitter leurs foyers et les combattant-e-s de la cité assiégée.

Le caractère exceptionnel de cette bataille est aussi qualitatif : Il n’a échappé à personne que les combattants et combattantes sont majoritairement issus de la gauche kurde et qu’ils et elles sont les acteurs d’un projet d’autonomie politique et territoriale dans le Rojava, projet basé sur la critique du concept de l’État-nation, sur le pouvoir communal, sur l’égalité hommes femmes, sur la mixité de genre, sur la prise en compte inclusive de toutes les minorités de cette région, sur des formes de justice moins punitive mais basées sur le consensus et l’idée de réhabilitation, sur des formes de démocratie originales.

La révolution du Rojava et ce que le mouvement kurde appelle le « confédéralisme démocratique » est une proposition qu’il faut replacer et qui prend toute son importance dans le contexte des soulèvements du « printemps arabe », de leurs bilans, de leurs échecs et des questions qui avaient été ouvertes alors et qui sont restées sans réponses. Elle doit être considérée comme une proposition valide et concrète pour l’ensemble de la région méditerranéenne et moyen-orientale : une alternative cohérente à tous les régimes d’oppression et de spoliation sans exception, issus des découpages territoriaux de l’époque coloniale et des deux guerres mondiales – aussi bien les chimères du « nationalisme arabe » à parti unique et dictature militaire, que les pétromonarchies, les différentes variantes de l’islamisme politique ou bien encore l’État colonialiste d’Israël.

Si la bataille de Kobanê est dotée d’une spécificité, c’est le champ des possibles qu’ouvre la victoire des combattant-e-s kurdes, ce que Kobanê marque particulièrement comme rupture avec des décennies de domination impériale des puissances capitalistes, c’est que la lutte particulière d’un peuple particulier pour sa liberté est en train de devenir le nom universel de la libération de tous.

C’est le sens qu’incarne le slogan : « la lutte de Kobanê est celle de l’humanité toute entière. »

Les Kurdes du Rojava n’ont pas demandé un « droit à la différence ». Ils ont mis en avant la légitimité de leur combat au regard des critères internationalement admis comme le droit à l’autodétermination. Mais ils ont aussi mis en avant leur projet, leurs réalisations, leur propositions et ont fait valoir que ce pourquoi ils et elles se battaient pouvait être repris partout ailleurs où les questions nationales et les oppressions contre les identités ont été niées ou instrumentalisées par les États, que leurs propositions pouvaient contribuer à inverser le cours de l’histoire, le faire dévier de sa trajectoire et mettre un terme à des siècles de domination coloniale et impériale, qu’il s’agit là d’une lutte pour l’humanité comme l’avaient aussi affirmé les zapatistes dans le fin fond des montagnes du Sud-Est mexicain.

Ce qui est nouveau et remarquable, c’est que le formidable mouvement de sympathie qui s’exprime de manière croissante depuis plusieurs semaines envers les résistants et résistantes de Kobanê, n’est pas orienté vers des figures renouvelées de la « victime » vulnérable et sans défense, en demande d’une « aide humanitaire » auprès de la « communauté internationale ».

Kobanê, n’ a pas non plus demandé que des « sauveurs » viennent se battre pour elle (par une intervention au sol notamment), Kobanê a demandé autre chose de beaucoup plus important politiquement : ses combattantes et ses combattants ont demandé des moyens pour se battre eux-mêmes, et singulièrement des armes, des munitions, des équipements, pour se défendre. Comme des sujets politiques maîtres de leur destin, se battant pour leurs droits, pour leur émancipation et pour la liberté.

C’est là une rupture fondamentale dans la période qui ouvre aussi pour nous, et potentiellement pour des millions de personnes dans le monde, une nouvelle situation dans laquelle la résistance aux attaques subies, comme idée et comme pratiques, n’est plus automatiquement synonyme de défense des acquis ou de retour à un passé glorieux, mais qu’elle peut s’interpréter et se vivre comme l’ouverture sur un nouvel horizon, sur des conquêtes, des avancées : une voie vers l’avant, un parcours de libération, une lutte offensive qui remet d’actualité l’idée, l’hypothèse et la possibilité de transformer l’ordre établi, et que cette transformation prenne un cours révolutionnaire.

Il était certain que cette position ne pouvait qu’être combattu et condamné par les puissances impérialistes, qu’elles soit locale ou occidentale.

La Turquie tout d’abord, après avoir enfermé les combattants et combattantes kurdes dans Kobanê en bloquant les issues nord de la ville, empêchant ainsi les renforts et l’approvisionnement en armes et munitions, après avoir placé en détention plusieurs centaines de Kurdes de Syrie ayant trouvé refuge en traversant la frontière, après avoir réprimé dans le sang les manifestations de soutien à Kobanê, après avoir réaffirmé vouloir établir une « zone tampon » (proposition soutenu par François Hollande) sur le côté syrien de la frontière, c’est-à-dire là où précisément se trouvent les territoires du Rojava, la Turquie reste la principale menace pour les Kurdes. L’État turc qui, depuis 2011, aide les islamismes de divers courants et mouvements, a clairement fait le choix de l’État islamique contre le mouvement de libération kurde.

Les États-Unis ne sont pas sur la même ligne que la Turquie. Pour eux, Kobanê n’est pas un objectif stratégique. D’autre part, officiellement, leur mission en Syrie se limite aux djihadistes. Il faut rappeler qu’officiellement les États-Unis, contrairement à la France, n’ont jamais cru à un renversement imminent du régime d’Assad. Ils sont donc pour une transition et pour un gouvernement syrien de coalition (c’était le sens des discussions de Genève en février 2014). Rappelons que l’approche des États-Unis se fait en prenant en compte les intérêts de la Russie et de l’Iran (d’où l’accord sur la destruction des armes chimiques) alors que la France (et la Grande Bretagne) veut foncer dans le tas, renverser Assad, faire battre les Iraniens en retraite et infliger une défaite à Poutine. Aujourd’hui, les « faucons » occidentaux dans la région sont au quai d’Orsay et à l’Élysée.

Dans l’histoire, les guerres et les révolutions se sont toujours trouvées intimement mêlées : refus des guerres inter-impérialistes débouchant sur des soulèvements révolutionnaires, tentatives révolutionnaires se transformant en guerre ou rattrapés par des foyers de guerre mal éteints et dévorées par les armées des fossoyeurs de la révolution… Nous savons d’expérience que toutes les logiques de guerre, même celles qu’il faut assumer, contiennent les dangers du militarisme, durcissent les rapports, centralisent les formes de pouvoir et de commandement, referment les espaces et les temps de réflexion, rejettent les débats et les contradictions qui font la richesse d’un processus de transformation et vont à l’encontre de la dynamique révolutionnaire. Comme dans de toutes autres circonstances, les Kurdes se retrouvent aujourd’hui à devoir mener conjointement une guerre et une révolution. Ils n’auront probablement pas le loisir de pouvoir choisir entre privilégier l’une au détriment de l’autre, mais une chose est sûre : le type de solidarité qu’ils recevront pourra contribuer à faire pencher l’équilibre d’un côté plutôt que de l’autre. Pour notre part, nous entendons, au sein de la société kurde et du mouvement de libération kurde comme à l’intérieur du mouvement de solidarité, privilégier et appuyer particulièrement les pratiques et les initiatives qui tendent à l’autonomie et l’auto-organisation des populations et des communautés humaines, soutenir les tendances qui poussent à l’émancipation politique et à la révolution sociale.

Le projet de l’autonomie kurde n’est pas un projet anarchiste révolutionnaire et anticapitaliste, il ne vise pas l’établissement du communisme libertaire et l’abolition de toutes les hiérarchies, du capital et du salariat : mais par contre, de sa victoire ou de sa défaite dépendra qu’il sera possible, ou pas, de prononcer et de mettre en discussion certaines idées, certaines exigences, comme l’égalité, le combat contre l’exploitation capitaliste du travail vivant et l’exploitation domestique des femmes, la prise en charge collective des décisions sur l’ensemble des questions touchant la vie des gens, en matière de production, d’habitat, d’éducation, une attention particulière à l’agriculture, une critique du développement et du productivisme…

On ne demande généralement pas aux protagonistes des luttes que l’on soutient qu’ils acceptent l’intégralité de nos références et de nos positions en échange de notre solidarité. Sinon, on reste dans l’entre-soi. La tendance la plus courante consiste plutôt à affirmer une solidarité avec certaines luttes et pas avec d’autres en fonction de la présence ou non d’un certain nombre de critères et d’éléments partiels et potentiels de transformation qu’elles contiennent et font ressortir. Se placer en solidarité avec la lutte des Kurdes pour leur autonomie, obéit aux mêmes règles : ce n’est pas se bercer d’illusions et soutenir une « révolution » les yeux fermés ou encore en partager inconditionnellement les tenants et les aboutissants. C’est, en fonction de ce qui a été avancé précédemment sur la signification de cette lutte dans la période et le contexte, plusieurs choses en même temps : soutenir une résistance contre les tentatives d’extermination, soutenir les significations politiques que ce combat a déjà produites contre la victimisation et dans l’irruption d’une troisième ou quatrième voie dans le cadre syrien, et en même temps, c’est défendre dans le processus même de cette résistance qu’il est possible de prendre son destin en main, d’affirmer des gestes de l’égalité et de s’affirmer comme sujet politique et comme sujet de l’histoire, de tracer un chemin d’émancipation. En somme, de contribuer à la possibilité qu’une révolution sociale en profondeur soit ne serait-ce qu’envisageable, faire en sorte que soient réunies quelques conditions prérequises pour qu’une transformation de cette nature puisse émerger, puisse s’exprimer, trouver un écho, des relais, des points d’appui, parvienne à se traduire dans des conflits, des pratiques, des manières de faire et de vivre, réponde le cas échéant à une nécessité socialement partagée, se transforme en une sorte d’évidence et devienne réalité.

C’est pourquoi, si les combattants et combattantes kurdes et leurs alliés non kurdes sont aujourd’hui en première ligne pour affronter, avec leurs corps, avec leur intelligence, avec leur générosité et les armes à la main, les bandes sanguinaires des cinglés de l’État islamique, et qu’ils et elles ont donc besoin d’avoir les moyens de se battre, il est très important qu’ils soient le moins dépendants possible des diverses puissances, et notamment les États-Unis à qui, outre leur position impériale de superpuissance (surtout militaire) déjà en soi très problématique pour toute tentative révolutionnaire dans le monde, il n’est pas possible de faire confiance (massacre d’Halabja de mars 1988), d’autant plus que la politique extérieure des États-Unis étant connue pour fonctionner par cycles, il est probable que l’approche états-unienne plutôt « pragmatique » actuellement se transformera tôt ou tard dans une nouvelle offensive de « faucons » néo-conservateurs, les mêmes qui ont engagé jadis massivement les États-Unis dans la guerre du Vietnam (Nixon) et plus tard, les guerres en Irak (Bush père et fils), aux effets que l’on connaît.

En tant qu’anarchistes, communistes libertaires, anticapitalistes anti-autoritaires de France, il faut que l’on accorde une mention très spéciale à Hollande. Le chef de l’État français s’est en effet très vite aligné sur les positions de la Turquie en exprimant son soutien à la création d’une « zone tampon » dans le Rojava et le long de toute la frontière syro-turque. Or, si l’armée turque pénètre sur le sol syrien, c’est à la fois une déclaration de guerre contre les Kurdes syriens mais aussi contre le régime de Damas. C’est cela l’autre vrai objectif. Il faut être conscient que c’est cela que veut la France, gouvernement et opposition confondus : une guerre aérienne et au sol, non pas principalement contre les djihadistes mais pour entreprendre le chemin de Damas jusqu’au palais présidentiel.

La France, contrairement aux États-Unis, s’est depuis le début du soulèvement populaire en Syrie (février-mars 2011) alignée sur l’axe Turquie-Qatar-Arabie saoudite, qui sont les principaux fournisseurs de l’aide financière et matérielle aux combattants islamistes, c’est-à-dire dans la position la plus va-t-en-guerre visant à renverser le régime d’Assad et à le remplacer par quoi, sinon par un régime islamiste sunnite, qui deviendra, en outre, avec ou sans démembrement du pays, une colonie ou un protectorat de ces puissances régionales (en particulier de la Turquie qui a une longue frontière commune, qui est de loin la principale puissance militaire et qui verrait bien la région placée une fois de plus sous la coupe d’un nouvel empire ottoman) et un nouveau marché juteux pour les multinationales. En s’alignant sur la Turquie, l’État français se fait le complice objectif du projet d’anéantissement de l’autonomie kurde en Syrie aujourd’hui, et en Turquie bientôt.

La campagne de solidarité avec la lutte de libération des Kurdes ne peut, en France du moins, que cibler et dénoncer la dangereuse politique criminelle et cynique du gouvernement français.

Kobanê, la lutte des Kurdes et les dangers qui la guettent

Cet article datant du 19 octobre 2014 est repris du site Serpent – Libertaire où il a été publié avec un commentaire préalable. Nous vous invitons à le lire en actualisant avec les dernières informations qui nous parviennent du Rojava.

Préambule :

Depuis que cet article a été publié, les djihadistes ont lancé de nouvelles offensives grâce à l’arrivée de nouveaux renforts, dont de nombreux kamikazes qui se font exploser en se jetant sur les positions des combattants kurdes au volant de camionnettes piégées. Les États-Unis ont accentué leur aide à coups de bombardements et aussi pour la première fois par le largage d’armes, de munitions et d’équipements de secours aux combattants kurdes et non kurdes qui défendent la ville.

Depuis, Erdoğan a été obligé de faire évoluer sa position en autorisant l’arrivée de renforts… mais à condition qu’ils n’appartiennent pas à la gauche kurde. C’est pourquoi des peshmergas du Kurdistan irakien, gouverné par le parti conservateur PDK de Barzani, devraient faire leur entrée dans Kobanê, alors que des milliers de Kurdes de Syrie sont prêts à se battre.

Pendant ce temps, dans les monts de Sinjar (dans le nord de l’Irak), des milliers de Kurdes yezidis qui y avaient trouvé refuge, sont en ce moment même encerclés par les djihadistes équipés de véhicules blindés Humvees qui ont lancé depuis lundi dernier (20 octobre) une nouvelle offensive… Deux zones résidentielles situées dans la plaine ont été prises par l’EI, forçant des milliers de civils à fuir de nouveau dans la montagne. Les volontaires des milices YBŞ (Yekineyen Berxwedanê Şengalê – Unités de résistance de Sinjar), épaulés par les HPG (Forces de défense du peuple, du PKK) annoncent avoir tué une vingtaine de djihadistes au cours de très violents combats et ont lancé des appels d’alerte et de mobilisation. Des renforts devraient là aussi être envoyés très vite…

La bataille de Kobanê a modifié beaucoup de choses en très peu de temps et se traduit maintenant par une nouvelle alliance assez inédite entre les forces de la gauche kurde et la principale puissance impériale au monde. Les deux n’avaient probablement pas le choix, compte tenu de leur situations et objectifs respectifs.

Le point sur les raisons de cette entente, au départ purement opérationnelle, et sur les dangers que recèlent ces derniers développements.

Serpent Libertaire le 22 octobre 2014 – Publié par Patrick Granet

Kobanê, la lutte des Kurdes et les dangers qui la guettent

par Jelle Bruinsma, le 19 octobre 2014

Alors que l’EIIL a été chassé de Kobanê, les dangers que représentent les prérogatives impériales des États-Unis menacent les ambitions kurdes pour l’autonomie démocratique.

Maintenant que divers rapports confirment que les hommes et les femmes kurdes incroyablement courageux ont réussi à tenir la ville de Kobanê et même à chasser les fascistes de l’EIIL, il est temps de réfléchir. Comment ont-ils réussi à repousser l’EIIL ? Pourquoi les États-Unis se sont-ils plus fortement impliqués ? Et quels dangers peuvent surgir à partir de maintenant ?

Il y a deux semaines, les indomptables Unités de défense du peuple (YPG) avaient rendu publique une déclaration de défi [voir document en annexe] qui soulignait le sens de leurs « responsabilités historiques », promettant que « la défaite et l’extinction de l’EIIL débuteront à Kobanê. Chaque rue, chaque maison de Kobanê seront une tombe pour l’EIIL ». Beaucoup ont admiré le courage des Kurdes. Des camarades turcs et d’ailleurs ont même essayé de se joindre à la défense de Kobanê et des campagnes ont été lancées à travers le monde pour recueillir de l’argent pour eux.

Mais, il y avait probablement peu d’outiders pour croire vraiment que l’assaut meurtrier de l’EIIL pourrait être arrêté, quand plusieurs articles publiés défendaient que Kobanê était pratiquement tombée. Ceci fut dû en grande partie à la position criminelle et intransigeante de la Turquie qui consista à bloquer les lignes d’approvisionnement kurdes, et au manque d’intérêt des États-Unis pour ce qui – selon leurs calculs impériaux – était une ville stratégiquement sans importance.

Deux semaines plus tard, la situation semble avoir été totalement renversée, avec l’EIIL qui semble battre en retraite et un responsable kurde déclarant qu’« il n’y a plus d’EIIL dans Kobanê maintenant », bien que les combats se poursuivent dans la partie est de la ville. Au cours de ces mêmes semaines, les États-Unis ont intensifié leurs bombardements aériens sur les positions de l’EIIL dans et en hors de Kobanê, et ont engagé pour la première fois des pourparlers directs avec le Parti de l’union démocratique kurde (PYD). Le commandant kurde des YPG a quant à lui déclaré que « sa milice avait reçu des armes, des fournitures et des combattants ». Même s’il n’a pas révélé de plus amples informations, des journalistes se trouvant dans la ville turque de Suruç, à 15 kilomètres de la frontière de Kobanê, ont semble-il « rencontré des combattants qui faisaient la navette ». Cela est sans doute redevable à une connaissance intime de la région de la part des combattants, mais un ‟ Turc bien placé”, a déclaré à la BBC « que des fournitures avaient en effet été autorisées à traverser la frontière ».

Comme l’avait indiqué un précédent article de ROAR il y a deux semaines, si Kobanê était tombé, les États-Unis et la Turquie en auraient porté la responsabilité. Les deux États ont le pouvoir et la capacité militaire d’arrêter l’EIIL et de l’empêcher d’atteindre la ville. En outre, et plus important encore, différents rapports semblaient prouver que la Turquie a activement aidé l’EIIL sur plusieurs plans :

1.- en permettant aux combattants de l’EIIL blessés de recevoir un traitement médical dans les hôpitaux turcs, et de repasser en Syrie pour rejoindre le combat ;

2.- en permettant à l’EIIL de traverser la frontière et de vendre du pétrole tiré des gisements qu’il contrôle sur le marché noir de la Turquie, une donnée d’une importance financière considérable pour l’EIIL ;

3.- en bloquant les forces expérimentées du PKK et en les empêchant de pénétrer en Syrie pour aider à défendre Kobanê et combattre l’EIIL, et même en bloquant les approvisionnements en armes et autre fournitures nécessaires ;

4.- la semaine dernière, et là c’est encore plus grave, en réactivant son engagement dans la guerre contre ses propres Kurdes lorsqu’elle a bombardé des positions du PKK dans la région sud-orientale de Dağlıca.

Bien que l’ensemble de ce qui précède demeure, la politique et les calculs impériaux sont complexes et reflètent la nécessité de défendre des intérêts divers et contradictoires. Dans le cas de Kobanê, il est évident que la Turquie était bien heureuse de laisser l’EIIL frapper un grand coup contre les forces kurdes, et potentiellement de massacrer des milliers de Kurdes. Elle a également cherché à obtenir comme contrepartie de réorienter la pression internationale sur la formation d’un nouveau front contre le régime d’Assad de Syrie. Les États-Unis, aussi, étaient parfaitement heureux de laisser ces ‟victimes indignes” mourir et ont déclaré clairement que Kobanê n’avait aucune importance pour eux.

Qu’est-ce qui a changé cette situation ? Bien que les États-Unis accordent encore la priorité à la lutte contre EIIL en Irak, où ils ont beaucoup plus d’intérêts économiques et leur réputation à défendre, ils ont augmenté leurs attaques aériennes sur l’EIIL autour de Kobanê, probablement en coordination avec les Kurdes. Les Kurdes de la région se sont naturellement réjouis de ces frappes aériennes américaines sur les positions de l’EIIL, et d’ailleurs depuis le début la résistance kurde avait appelé à des frappes aériennes plus nombreuses et plus efficaces.

Deux raisons me semblent expliquer l’implication accrue des États-Unis.

Tout d’abord, les forces YPG-PKK bien formées se sont révélées être les adversaires militaires les plus efficaces de l’EIIL, même en tenant compte de leur infériorité numérique et en armement. Alors qu’en Irak, l’armée – malgré une décennie de formation par les États-Unis et un armement sophistiqué – s’est débinée à la simple vue des combattants de l’EIIL, les forces YPG-PKK ont prouvé leur ‟valeur” pour la deuxième fois, après être venus à la rescousse des yézidis d’Irak. Comme les États-Unis ne veulent pas mettre les « bottes sur le terrain », car leurs alliés régionaux n’ont pas fait montre d’un engagement sérieux à ce jour, et comme leur campagne aérienne est vouée à l’échec, ils ont besoin d’alliés qui soient déterminés à combattre l’EIIL.

Deuxièmement, les États-Unis aident Kobanê pour des « raisons de propagande », selon les mots du rédacteur de la BBC spécialiste de diplomatie et de défense, Mark Urban. Comme dans tout bon réseau mafieux, dans les relations internationales, tout repose sur la réputation. Avec les États-Unis ayant annoncé qu’ils allaient « affaiblir et finalement détruire » l’EIIL, et avec les yeux du monde posés sur Kobanê en raison de la bravoure encore endurcie des combattants kurdes et de l’activisme de leurs partisans partout dans le monde, un massacre à Kobanê aurait porté un coup à la crédibilité des États-Unis. Kobanê « est plus un symbole qu’un atout stratégique, mais sa perte renforcerait le sentiment que l’EIIL est imparable », ajoute l’analyste militaire de la Brookings Institution, Michael O’Hanlon.

Les Kurdes ont maintenant été contraints à une alliance stratégique apparemment inévitable, mais dangereuse, avec les États-Unis. Inévitable, car ils étaient dépassés en armement par l’EIIL et qu’ils avaient besoins d’armes sophistiquées avec eux pour bloquer l’EIIL et créer un espace de respiration. Dangereuse, parce que les intérêts et les intentions des Kurdes sont diamétralement opposés à ceux des États-Unis, ce que les savent parfaitement. Les tentatives des Kurdes de créer des zones démocratiques autonomes sont tout autant une menace pour les intérêts impériaux des États-Unis que pour l’EIIL. La pierre angulaire de la politique des États-Unis au Moyen-Orient a toujours été le soutien à des régimes stables qui peuvent réussir à bloquer tous les appels à la démocratie ou au contrôle national sur les ressources naturelles du pays. En ce sens, la comparaison des Kurdes avec les anarchistes espagnols de 1936 que fait David Graeber tient la route : bien que les anarchistes combattaient également des fascistes, l’ensemble des grandes puissances occidentales se sont opposées à eux et ont bloqué l’envoi des armes, avec un Churchill célèbre pour avoir préféré les fascistes aux anarchistes ou communistes.

À la lumière de la coopération YPG-États-Unis, il est utile de rappeler une histoire plus contemporaine, celle de la trahison de chiites et des Kurdes d’Irak en 1991.

C’était en 1991, mais cela aurait tout aussi bien pu être en 2014, qu’un diplomate européen avait noté que « les Américains préfèreraient avoir un autre Assad, ou mieux encore, un autre Moubarak à Bagdad ». Ce fut au cours de la première guerre du Golfe, lancée parce que l’ancien allié Saddam Hussein avait désobéi aux ordres américains en envahissant le Koweit. L’attaque étatsunienne contre l’Irak avait créé un espoir parmi les Kurdes et les chiites opprimés, espoir renforcé par Bush qui les encouragea ouvertement à se soulever contre Saddam Hussein, donnant ainsi l’impression que les États-Unis les appuieraient. Mais les incertitudes devant un Irak post-Saddam ont conduit les États-Unis à décider de maintenir Saddam au pouvoir. Au cours des semaines les plus terribles de l’histoire irakienne, les Etats-Unis – qui contrôlaient alors totalement l’espace aérien irakien – n’ont rien fait et ont permis à Saddam Hussein de briser la zone d’exclusion aérienne contrôlée par les États-Unis et d’utiliser des hélicoptères de combat pour réprimer les soulèvements et massacrer les civils kurdes et chiites.

Les Kurdes n’ont pas besoin qu’on leur rappelle ces faits. Leurs familles ont vécu à travers eux et d’autres trahisons impériales. Dans le même temps, ils n’ont pas de temps à perdre avec des philosophes occidentaux qui, depuis leurs fauteuils, condamnent toute coopération avec des bombes étatsuniennes – et à juste titre. C’était leurs vies qui étaient directement en jeu.

Mais cette nouvelle situation n’est pas sans poser d’énormes difficultés. Le fait que les États-Unis continuent à placer une plus grande importance sur l’Irak que sur Kobanê et que le commandant de l’armée américaine au Moyen-Orient, Lloyd Austin, vendredi dernier [17 octobre] pensait encore « fort possible » que Kobanê finisse par tomber aux mains de l’EIIL, soulève de sérieuses questions. Combien de temps les États-Unis continueront-ils à aider la résistance par des frappes aériennes ? Qu’est-ce qu’il se discute dans les pourparlers de haut niveau entre les représentants du PYD et département d’État des États-Unis ? Qu’est-ce que les Etats-Unis vont essayer d’‟obtenir” des Kurdes ? Une coopération plus active dans la lutte contre l’EIIL ? En échange de quoi ?

Une réponse a été donnée aujourd’hui [19 octobre] dans la déclaration du Commandement général des YPG. Dans cette dernière, ils confirment avoir conclu une entente avec l’Armée syrienne libre (ASL), le groupe qui a combattu le régime tyrannique d’Assad avec un certain soutien de l’Occident. Ils confirment également que l’ASL se bat à leurs côtés dans Kobanê et qu’à partir de maintenant ils vont coopérer dans « lutte contre le terrorisme et à la construction d’une Syrie libre et démocratique ». Il s’agit d’un changement significatif dans la stratégie puisque cela implique non seulement de combattre d’EIIL, mais aussi Assad – une demande-clé de la Turquie – et qui, en outre, se base sur un « véritable partenariat pour l’administration de ce pays » avec toutes ses « classes sociales » [voir la déclaration complète en annexe].

Est-ce là le prix que les YPG de gauche a dû payer pour que s’ouvrent des lignes d’approvisionnement ? C’est une question ouverte sur ce que cela signifie pour la révolution sociale dans le Rojava.

Il n’est pas improbable, par exemple, que les lignes d’approvisionnement à travers les frontières turques aient été secrètement tolérées par la Turquie en raison de la pression des États-Unis et/ou de l’accord qui a été conclu avec l’ASL. Elles peuvent aussi être coupées. Les frappes aériennes étatsuniennes peuvent également s’interrompre et les considérations impériales peuvent changer. La liste de ceux qui, par nécessité ou par choix, ont collaboré avec les puissances impériales mais qui ensuite les ont laissé mourir est infinie. La triste réalité est que les empereurs modernes peuvent encore décider de qui vit et de qui meurt.

Comme les Kurdes en sont conscients, à long terme, la coopération avec les États-Unis est incompatible avec leurs propres ambitions et aspirations à une région et une société libérée de toutes les formes d’oppression. Mais savoir s’il existe d’autres options à court terme est une question pertinente. Même pour l’approvisionnement continu en armes lourdes indispensables et la libre circulation de leurs forces, ils sont dans une large mesure tributaires des préférences des maîtres impériaux.

Cette fois, grâce à leur bravoure, ils forcé la main impériale et sont en mesure de poursuivre leur combat. Mais qu’en sera-t-il demain ? La Turquie a été pendant des décennies l’un des principaux alliés régionaux des États-Unis, et même si les États-Unis ont besoin maintenant des Kurdes, ce sera au mieux une alliance temporaire.

Pour nous, Occidentaux qui nous plaçons en solidarité avec nos camarades kurdes, il est essentiel de poursuivre la pression sur nos propres États, de faire que les yeux du monde restent fixés sur Kobanê et sur la lutte kurde dans son ensemble. Plus que cela, nous devons soutenir ouvertement les appels des YPG pour que des armes leur soient fournies et exiger que le PKK soit retiré de la monstrueuse ‟liste terroriste”. Coincés entre le marteau et l’enclume, les Kurdes au bout du compte ne peuvent compter sur eux-mêmes. Plus grande sera leur liberté de se déplacer, mieux armés ils seront, plus grande sera leur capacité de protéger la révolution sociale dans le Rojava et, aussi, de combattre l’EIIL.

le 19 octobre 2014

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Jelle Bruinsma est doctorant-chercheur en histoire à l’Institut universitaire européen et collaborateur de ROAR Magazine.

ROAR (« Rugissement »), Reflections on a Revolution

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Source : Kobanê, the Kurdish struggle, and the dangers lurking ahead

Traduction : XYZ/ OCL ( http://oclibertaire.free.fr/ )

Annexes :

L’EIIL ne rentrera jamais à Kobanê

(Firat News Agency)

Vendredi 3 octobre 2014.

Le commandement général des YPG (unités de protection du peuple) a publié une déclaration sur les affrontements en cours dans la ville de Kobanê.

Le commandement des YPG a nié les rapports selon lesquels les bandes de l’EIIL seraient entrées à Kobanê, soulignant que « ce rêve de certains cercles ne se réalisera pas. La défaite et l’extinction d’EIIL débuteront à Kobanê. Chaque rue, chaque maison de Kobanê seront une tombe pour l’EIIL ».

Le commandement des YPG a déclaré que les bandes de l’EIIL ont lancé une nouvelle vague d’attaques le 15 septembre pour occuper Kobanê et continuent à attaquer sur les trois fronts de Kobanê, utilisant des armes lourdes et de l’artillerie dans le but d’avancer.

« En tant qu’YPG, nous allons assumer nos responsabilités historiques, peu importe dans quelles circonstances et possibilités, de la même manière que nous avons protégé les peuples et les valeurs d’Efrin à Jazaa dans le Rojava depuis trois ans », indique le communiqué. YPG a promis que « le peuple kurde et leurs amis ne devraient pas être inquiets, Kobanê ne tombera jamais. Il n’est pas possible, en aucune façon, d’entrer dans Kobanê qui sera le témoignage de la résistance du siècle dernier et sera une tombe pour EIIL ».

Le commandement des YPG s’est également engagé à « déclarer la victoire du Kurdistan Ouest et de la Syrie Libre et Démocratique dans le monde entier ».

Le commandement général des YPG a terminé la déclaration en faisant appel à tous les jeunes du Kurdistan, et à tous les jeunes épris de liberté et d’égalité, pour qu’ils rejoignent leurs rangs afin d’assumer leurs responsabilités historiques et de se joindre à la lutte pour l’humanité contre les attaques sauvages des bandes de l’EIIL.

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Déclaration du Commandement général des YPG sur Kobanê et la lutte contre l’EIIL

Le 19 octobre 2014.

Déclaration du Commandement général des YPG

Aux médias et au grand public,

Cela fait 33 jours que la ville de Kobanê se bat contre le terrorisme en des jours tourmentés de résistance, de rédemption et d’énormes sacrifices dans la lutte contre les attaques terroristes de l’EIIL et de ses démons. Pour cette organisation qui est devenue la plus grande menace pour la paix et la stabilité mondiale, la bataille de Kobanê constitue un tournant historique. Nous sommes certains que son issue va façonner l’avenir de la Syrie et de la lutte démocratique pour la liberté et la paix. Nous voulons faire savoir que la victoire de Kobanê sera une victoire pour toute la Syrie, et qu’elle sera également une défaite majeure pour l’EIIL et le terrorisme.

La résistance que nous avons démontrée, nous les Unités de défense du peuple (YPG) et les factions de l’Armée syrienne libre (ASL) est la garantie pour vaincre le terrorisme d’EIIL dans la région. La lutte contre le terrorisme et la construction d’une Syrie libre et démocratique a été la base de l’accord que nous avons signé avec les factions de l’ASL. Comme nous pouvons le voir, la réussite de la révolution dépend de l’évolution des relations entre toutes les factions et les forces du bien dans ce pays.

Nous affirmons que nous, les YPG, nous allons prendre toutes nos responsabilités à l’égard du Rojava et de la Syrie en général. Nous allons travailler à consolider le concept d’un véritable partenariat pour l’administration de ce pays en rapport avec les aspirations du peuple syrien avec toutes ses religions, ethnies et classes sociales.

Nous confirmons également qu’il existe une coordination entre nous et d’importantes factions de l’ASL dans les régions d’Alep, d’Afrin, de Kobanê, et de Jazia. Actuellement, des factions et plusieurs bataillons de l’ASL se battent à nos côtés contre les terroristes de l’EIIL.

Commandement général des YPG

19 octobre 2014