[Radio] La résistance kurde au Rojava par Vive la sociale

Vous pouvez ré-écouter l’émission de radio de Vive la sociale sur FPP 106.3 du jeudi 16 octobre sur la résistance et la révolution de Kobane et au Rojava zone kurde du nord  ouest de la Syrie en cliquant ici.
Une militante et un militant kurdes, représentant l’une la Maison du Kurdistan à Paris, l’autre une association kurde du Val-d’Oise, nous expliquent les enjeux pour les Kurdes et pour l’ensemble du Moyen-Orient de la résistance du Rojava (nord-ouest de la Syrie) à l’avancée de l’Organisation de l’Etat islamique (Daesh).

L’entrée d’Istanbul dans la guerre en Syrie ?

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Quelques remarques sur les événements survenus entre le 7 et le 13 octobre 2014

N’était-ce les de moins en moins fréquentes réunions d’opposants au régime de Bachar Al-Asad, les 200 000 réfugiés de toute condition sociale – des plus démunis aux  plus aisés -, et les enterrements de jeunes Kurdes stambouliotes partis combattre (voir nos éditions du 4 avril et 7 avril 2014), Istanbul semblait jusqu’à ces derniers jours miraculeusement tenu à l’écart de l’atroce guerre qui affecte la Syrie depuis plus de deux ans. Ivre de son exceptionnalité, oublieuse de son environnement régional, la métropole turque a ainsi  poursuivi ses rêves de grandeur, sa frénésie touristique et sa trépidante agitation quotidienne, dans une relative indifférence par rapport à ce qui se déroulait au flanc sud-est du pays.

Cette tranquillité insouciante et cette position préservée ne sont plus de mise après l’appel à « descendre dans la rue pour Kobanê » lancé à l’échelle nationale le 6 octobre 2014 par les partis kurdes présents au Parlement turc (DBP1 et HDP), par la plupart des organisations du mouvement kurde de Turquie – à l’instar du KCK2 -, comme par celles de Syrie affiliées au PKK. Assez soudainement donc, le nom de Kobanê – érigé en symbole de la résistance kurde à l’État islamique… en Syrie, puis de la résistance à l’AKP en Turquie, par un effet  de contamination – a commencé à se faire entendre dans les rues d’Istanbul.

Les formes prises par les mobilisations de rue en soutien ou solidarité à la résistance de Kobanê à partir du 6 octobre ont varié, de la conférence de presse, autorisée ou non, à la manifestation de rue, en passant par des concerts de rue en solidarité. Nous ne retiendrons ici que celles qui ont donné lieu à des actes de violence, à des affrontements physiques ou armés, avec dégâts humains ou matériels : affrontements avec les forces de sécurité, affrontements entre jeunes Kurdes décidés à porter l’insurrection (Serhildan en kurde) à Istanbul et « partisans » de l’État islamique (İŞİD en turc), descentes sur des bâtiments abritant des institutions jugées partisanes, dégradation de véhicules publics ou de mobilier urbain… Ceci dit, il faut se méfier des actes de violence à enjeux très locaux qui semblent avoir pris pour prétexte cette grande crise, à l’exemple de ce qui paraît s’être produit à Şahintepe/Başakşehir en septembre 20143. En effet, on constate que dans plusieurs quartiers périphériques où les projets de transformation urbaine sont fortement contestés par la population habitante – à l’instar de Kanarya dans l’arrondissement de Küçükçekmece -, des violences perpétrées ces derniers jours contre des opposants locaux notoires de ces projets ont saisi comme prétexte l’affrontement « Partisans de l’État islamique » / « Partisans de la résistance kurde syrienne/turque4 ». Prudence donc ; il faut éviter les lectures trop rapides à partir des seules appartenances opportunément revendiquées ou assignées. Pour revenir aux répertoires d’action déployés, le blocage des voies routières et autoroutières est devenu un mode d’action à part entière non sans risques5 qui entraîne une  « sortie du quartier » et conduit à une délocalisation de l’expression par rapport aux foyers de population.

Quatorze des trente-neuf arrondissements d’Istanbul ont été affectés par ces manifestations violentes. Les principaux lieux d’affrontement correspondent – Beyoğlu et Kadıköy mis à part – à des zones urbaines non consolidées, caractérisées par des concentrations kurdes de formation récente mêlées à d’autres présences migrantes (Esenyurt, Sultanbeyli, Sultangazi, Arnavutköy). Soit des territoires périphériques caractérisés par de fortes tensions sur les marchés du travail et du logement, autrement dit des bassins d’emplois précaires où l’économie du bâtiment et  l’économie textile  – toutes les deux massivement non-déclarées – prédominent largement. Esenyurt, où des blessés graves8 étaient déplorés dans la nuit du 8 au 9 octobre 2014, fait partie des rares arrondissements – avec Sultanbeyli et Arnavutköy), où le DBP/HDP a obtenu plus de 10% des suffrages exprimés lors des deux dernières élections locales de mars 2009 et de mars 2014 (Fig.1 & Tab. 2). Rappelons que c’était déjà à Esenyurt, jeune arrondissement institué en 2008, par ailleurs tristement célèbre pour ses accidents du travail dans le secteur du bâtiment, que des violences avaient endeuillé la  campagne électorale de mars 2014.

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Si l’on compare avec les mouvements sociaux de l’époque de Gezi (fin mai-juin 2013), il apparaît que les périphéries sociales et spatiales ont été beaucoup plus actives pour Kobanê que pour Gezi, même si certains territoires d’action privilégiés des organisations d’extrême gauche (comme Gazi, Okmeydanı, Gülensu/Gülsuyu et Nurtepe) se sont aussi distingués au moment de Gezi. Mais ces territoires sont des lieux d’opposition chronique : les mobilisations qui s’y déroulent de façon presqu’endémique ne sont médiatiquement visibles que quand Istanbul est par ailleurs le théâtre de manifestations et mouvements de rue.

Beyoğlu est à mettre à part. Le cœur de l’arrondissement en tout cas (on ne parle pas de ses marges, Örnektepe ou Okmeydanı), malgré les injonctions de la police, fonctionne encore comme la principale scène métropolitaine d’expression de l’opposition politique, tout au long de l’avenue İstiklâl, de la place Tünel à la place Taksim, via la « place » du lycée Galatasaray, près de la poste du même nom, qui est encore un des spots les plus affectionnés pour les déclarations de presse (basın açıklaması). Dans une moindre mesure la place du quai de Kadıköy et le lieu-dit Altıyol (ou Boğa) remplissent une fonction équivalente pour la rive anatolienne et le centre de Kartal pour la périphérie anatolienne.

Du point de vue de la configuration des acteurs de ces protestations violentes et violemment réprimées on a vu principalement, d’un côté les jeunesses urbaines du PKK – regroupées sous la bannière YDG-H (Mouvement des Jeunesses Révolutionnaires Patriotes9), organisation apparue en 201310 – et, de l’autre, des groupes liés à l’AKP et des sympathisants du HÜDA PAR11, une formation kurde islamique affichant plus ouvertement son opposition radicale  au PKK et au HDP que son soutien à l’État Islamique. Très organisés (en « Forces de sécurité » pour le YDG-H ou son équivalent féminin le YDGK) et actifs dans l’est et le sud-est du pays, ces acteurs ont donc émergé aussi pleinement sur le théâtre stambouliote.

Cependant, il faudrait pouvoir aller au-delà de cette polarisation. En effet, si du « côté kurde », pour simplifier, les acteurs mobilisés sont à peu près placés sous la même bannière – avec cependant des différences locales selon l’implication des formations d’extrême gauche, la collaboration entre formations du mouvement kurde et ces dernières n’étant pas toujours harmonieuse, loin de là -, la composition des « partisans de l’État islamique » varie en fonction des terrains concernés. A Bağcılar, Arnavutköy ou Sultanbeyli par exemple, il semble que les manifestants kurdes se soient heurtés à des membres (souvent d’origine kurde eux-mêmes) de différentes confréries, fondations et associations liées de près ou de loin au Hüda Par. En revanche à Esenyurt les militants kurdes ont trouvé devant eux plutôt des ultra-nationalistes et à Zeytinburnu12 des ultra-nationalistes aussi, appuyés par quelques Afghans, Turkmènes et Kazakhs stipendiés, tout dévoués à la cause turque/turciste. Dans tous les cas, les petits commerçants soutenus par les pouvoirs locaux (AKP voire CHP), les polices municipales et la police ont conclu des alliances tactiques ou de facto avec ceux qui s’opposaient aux manifestations de rue perçues comme une menace pour le bon ordre des affaires.

Les manifestations de rue ont en outre revêtu une incontestable dimension de classe, beaucoup plus nette qu’au moment de Gezi. On a ainsi vu à Esenyurt, Beylikdüzü et Halkalı les travailleurs du secteur du bâtiment – migrants kurdes en partie – descendre dans la rue pour protester, opérant une jonction entre des revendications relatives à leurs conditions de travail et de rémunération et le drame de Kobanê.

Compte tenu du répertoire d’action de groupes comme le YDG-H – cocktails Molotov, destruction de lieux ou d’instruments « symboles » d’un système honni -, la criminalisation de l’ensemble des manifestants par les autorités locales et nationales et par une grande partie de la presse (même celle de la cemaat) a été immédiate. Et même si le 9 octobre 2014 le secrétaire général du HDP s’est employé à rappeler que son appel du 6/10 à descendre dans la rue n’était pas un appel à la violence et au vandalisme, l’amalgame semble fait. L’esprit du processus de paix insufflé fin 2012 paraît avoir déserté aussi Istanbul.

Si l’on met à part les scènes politiques urbaines habituelles, les lieux d’affrontements correspondent à des zones d’immigration récente et mêlée – où il est aisé de monter un groupe de précaires contre d’autres-, à des bassins d’emploi précaire (textile et bâtiment), et des zones d’implantation ancienne d’organisations de gauche radicale.  Par conséquent, toute comparaison avec le(s) soulèvement(s) de Gezi semble inadéquate. La sociologie est différente – les beaux quartiers ne sont pas descendus dans la rue pour Kobanê comme ils l’ont fait pour Gezi -, la composante alévie très nette au moment de Gezi semble ici pour l’instant mineure. A l’échelle de la Turquie les mobilisations pour Kobanê se révèlent notablement plus populaires et massives que celles pour Gezi ; à l’échelle d’Istanbul, si l’on note quelques convergences entre Gezi et Kobanê du côté des organisations professionnelles et syndicales (la confédération KESK ayant appelé le 9 à faire grève), des organisations féministes, étudiantes et d’extrême gauche, ce sont d’autres groupes sociaux et d’autres organisations qui ont émergé dans la rue. Mais les composantes socio-démocrates nationalistes (CHP, DSP, TGB), comme les composantes d’extrême gauche nationaliste (İşçi Partisi ou TKP), à la pointe des soulèvements de Gezi sont là totalement absentes13.

Au total, sur les plus de 120 personnes placées en garde à vue suite aux affrontements des jours précédents dans le département d’Istanbul dix-neuf ont été conduites devant le procureur le 13 octobre 2014. La tension n’en demeure pas moins grande dans quelques zones urbaines – avec une dimension anti-Alévis surajoutée à Sarıgazi/Sancaktepe – et l’on peut craindre que les enterrements de jeunes volontaires des deux camps morts au combat en Syrie ne donnent lieu à des débordements. L’entrée d’Istanbul dans le temps et les affres de la guerre en Syrie et aux frontières sud-est du pays, ne s’est pas opérée de manière aussi violente que dans l’est du pays (le 13 octobre on dénombre plus de 40 personnes décédées dans l’ensemble du pays, dont une à Istanbul14). Elle  s’est réalisée de façon spatialement discontinue et intermittente.  Istanbul fonctionne donc comme une sorte de caisse de résonance fragmentée, qui répercute, relaie, diffracte, amplifie, réinterprète sélectivement et en même temps étouffe et déforme tout ce qui affecte l’ensemble du territoire et du corps national, et, dans une moindre mesure, tout ce qui affecte les pays de la région.

Même s’il faut garder raison et rappeler que la très grande majorité de la population d’Istanbul n’a entendu parler de ces événements qu’à la télévision ou par les réseaux sociaux, le fait de (re)voir l’armée déployée dans la rue (comme à Esenyurt, le 8 octobre), plus de trente ans après la période du coup d’État de septembre 1980, ne manque pas de laisser perplexe sur la « Nouvelle Turquie ». Et la violence de certaines altercations dans la presse nationale – des journalistes de quotidiens pourtant « modérés et libéraux », sombrant dans l’injure, se permettant de lancer de véritables appels au lynchage de confrères ou de responsables de formations politiques légales – ne fait qu’ajouter aux tensions et au trouble.

  1. En juillet 2014 le DBP (Parti des Régions Démocratiques) a remplacé le BDP (mai 2008-avril 2014) comme parti légal du mouvement kurde. Il coexiste au Parlement turc avec le HDP fondé en octobre 2012. []
  2. Koma Civakên Kurdistan ou Union des communautés du Kurdistan, cette institution créée en 2005 est censée, au-delà et au-dessus du PKK, préparer la gestion politique de l’ensemble du Kurdistan. []
  3. Sur ces petites affaires locales qui se déguisent derrière de grandes causes internationales : İrfan Bozan, “1 mahalle, 2 cinayet” : (URL : http://www.aljazeera.com.tr/al-jazeera-ozel/1-mahalle-2-cinayet) (dernière consultation : 09 10 2014). []
  4. Voir : “Le problème ce n’est pas Kobanê, c’est la Transformation Urbaine”, Taraf, 13 octobre 2014, p. 2.  []
  5. On se rappelle la mort de Mehmet Ayvalıtaş, jeune manifestant issu du quartier Mustafa Kemal (Ümraniye) le 2 juin 2013, alors qu’il participait au blocage du trafic sur l’autoroute qui surplombe le quartier. []
  6. Voir : http://haber.sol.org.tr/soldakiler/emek-gencligi-uyesi-mert-degirmenci-yasamini-yitirdi-haberi-98449 (dernière consultation, 10 10 2014). []
  7. Voir : http://www.bestanuce1.com/haber/138373/kanarya-mahallesinde-provokasyon-endisesi&dil=tr (dernière consultation, 10 10 2014). []
  8. Voir Taraf, 10 octobre 2014, p. 2. []
  9. Le YPG-H a même réitéré un appel à la révolte/insurrection (Serhildan en kurde) le 14 octobre en début d’après-midi. Voir : http://www.bestanuce1.com/haber/139928/serhildan-atesi-gurlestirilmeli (dernière consultation, 14 10 2014). []
  10. Voir sa page twitter : https://twitter.com/YDG_HKomutan []
  11. “Parti de la Cause Libre” (Hür Dava Partisi) dont il faut lire “Parti de Dieu” la contraction généralement utilisée “Hüda Partisi”. Ce parti légal, qui semble bénéficier de la protection bienveillante de l’AKP, est, quand on considère la trajectoire de ses dirigeants, un avatar du Hezbollah,  une formation illégale sanguinaire utilisée par les forces de sécurité et certaines composantes de l’appareil d’État pour assurer les sales tâches contre les militants du mouvement kurde au cours des années 1990. A propos du Hezbollah, voir le Dossier de l’IFEA de Gilles Dorronsoro (n°17) de mars 2004 : (URL : http://www.ifea-istanbul.net/dossiers_ifea/Bulten_17.pdf ). Par ailleurs, le site Internet du parti Hüda est sans ambiguïté quant à sa position sur le conflit syrien ; voir le rapport en ligne : http://hudapar.org/Detay/Haber/951/tarihi-sureciyle-suriye-siyaseti-ve-tikanan-arap-bahari.aspx (dernière consultation, 09 10 2014). []
  12. On rappellera que l’arrondissement de Zeytinburnu a été le théâtre de violences antikurdes caractérisées durant l’été 2011. Voir le rapport circonstancié produit par l’Association des Droits de l’Homme (İHD) : http://www.ihd.org.tr/index.php/raporlar-mainmenu-86/el-raporlar-mainmenu-90/2411-ozelrapor20110803.html (dernière consultation : 10 10 2014). []
  13. Ces derniers jours, les quotidiens Sözcü, Aydınlık et Cumhuriyet – très anti-AKP -, se sont objectivement, face à  la « menace kurde », rangés du côté du discours de l’ordre et de l’intégrité territoriale porté par l’AKP. Il en va de même des quotidiens de la cemaat, Zaman et Bugün. []
  14. Pour un premier bilan le 14 octobre au matin, voir : http://www.bestanuce1.com/yazdir.php?id=139818 (dernière consultation : 14 10 2014). []

Article vue sur http://ovipot.hypotheses.org/10558

Le consensus, la clé du nouveau système au Rojava

Après la révolution au Rojava commencée en Juillet 2012, le système de justice syrien est devenu obsolète. Évidemment, le peuple le mouvement politique qui le soutenait, ont rejeté l’appareil de sécurité, les représentants politiques de l’Etat, et les agences de renseignement, mais ils ont également rejeté le représentant de la justice et les ont viré.
Tout aussi important que la suppression du régime dictatorial du Baas a été, la question a été de savoir à quoi une nouvelle forme de justice pourrait ressembler. Dans toute société qui n’est pas encore totalement libérée de la domination (sociale ou entre les sexes), pas encore tout à fait émancipée, ce qu’on appelle des crimes, même à un faible niveau, auront lieu, et en particulier dans le contexte de guerre – conflits, violence, le vol , auxquels la cité doit s’affronter.

Le nouveau système de justice qui a été élaboré par des Comités « paix et consensus ». Certains d’entre eux avaient déjà été formé dans les années 1990 par des militants politiques de la gauche kurdes dans les villes syriennes à majorité kurde soutenant cette tendance. Encore aujourd’hui, ils ont pour tâche tâches d’assurer la paix sociale dans leur quartier ou dans la localité et de prendre des mesures contre la criminalité et l’injustice sociale. Sous le régime du Baas ces comités agissaient de manière souterraine – l’Etat les considérant comme une atteinte au monopole de la justice –, et fonctionnaient en parallèle avec le système de justice existant. Malgré la répression accrue après 2000 et surtout après 2004, ils ont continué à exister, mais en plus petit nombre et sans pourtant concerner la majorité de la population kurde.

Après la libération des localités de Rojava à l’été 2012, les lieux qui avaient déjà eu cette expérience avec les comités « paix et consensus » n’ont pas été bouleversés rendu confus quand il s’est de régler les différends dans les affaires civiles et pénales. Les comités existants ont sont restés en place pour les questions de justice et, là où ils étaient absents, ils ont vite été construits selon le modèle déjà existant.

La structure du système de justice

Pour décrire la structure du système de justice dans Rojava, nous devons étudier ce qui s’est développée au cours des deux dernières années. Une fois les villes et les villages libérés le 19 Juillet 2012, les conseils de justice régionale (en kurde, diwana Adalet) ont été mis en place dans les différentes régions à l’initiative de la TEV-DEM [le Mouvement de la société démocratique], qui a organisé les organes exécutifs du Conseil des peuple du Kurdistan de l’Ouest (MGRK), dans tout Rojava ; Le système de conseil des MGRK a été la force décisive qui a conduit la révolution. Les conseils de justice ont engagés des juges, des avocats, des procureurs, des juristes et d’autres qui avaient rompu avec le système en place. Les conseils populaires étaient également membres des comités de « paix et de consensus ». Ces conseils de justice ont depuis été cruciaux pour la construction d’un nouveau système de justice.

Les trois régions majoritairement kurdes ont récemment été nommés cantons ; le plus grand des trois est Cizîre. Son conseil de justice, qui compte onze membres, représente plusieurs conseils de district ; les conseils de justice dans Afrin et Kobanê ont sept membres chacun. (Apparemment pas beaucoup de gens sont assis sur ces comités importants.) Ces conseils de justice coordonnent avec les conseils du peuple et sont responsables devant eux; après des discussions dans les conseils populaires de grande envergure, ils ont fondé le nouveau système de justice.

Au niveau le plus bas du nouveau système de justice créé dans les villages, les quartiers, et parfois même les rues, on trouve les comités « paix et consensus » qui résolvent les cas sur la base du consensus. S’il s’avère qu’ils ne peuvent pas le faire, le cas est repris au niveau suivant. Les cas difficiles comme les assassinats, il faut le dire, ne sont pas pris en charge par les comités « paix et consensus », mais sont traités directement aux niveaux supérieurs.

Au niveau communal les comités « paix et consensus » ont une double structure. Les comités généraux sont responsables de conflits et de crimes; Les commissions de femmes sont responsables de cas de violence patriarcale, de mariage forcé, de polygamie. Ils sont directement rattachés à l’organisation des femmes Yekitiya Star [l’Union de la femme].

Au niveau supérieur, dans la grande ville de chaque région, on trouve les tribunaux populaires (dadgeha gel) qui ont été réanimés par les conseils de la justice. Leurs juges membres (dadger) peuvent être désignés par les conseils de justice ou par quiconque dans la région. Les conseils populaires au niveau régional (comme Séré Kaniye, Qamişlo, Amude, Derik, Heseke, Afrin, Kobanê) donnent des conseils sur les nominations, et parmi elles sept personnes sont élus pour chaque zone. Les candidats n’ont pas à être des juristes et contrairement à d’autres systèmes de justice, certains d’entre eux n’ont de liens antérieurs avec la Justice. Il est considéré comme beaucoup plus important que les personnes nommées comme juges soient ceux qui peuvent représenter les intérêts de la société.

Les autres niveaux du système de justice de Rojava sont un peu comme ceux des autres pays.

A l’issue d’une décision du Tribunal du peuple, l’une des parties peut la contester et porter l’affaire devant la cour d’appel (dadgeha de istinaf). Rojava ne compte quatre tribunaux, deux à Cizîre et un à Kobanê et à Afrin. A ce niveau, les juges doivent être des juristes.

Au niveau suivant, ceux qui souhaitent intenter une action ont à leur disposition le tribunal régional (dadgeha de neqit) ; il est seul à couvrir l’ensemble des trois cantons.

Enfin, il ya une cour constitutionnelle (dadgeha de hevpeyman), dont les sept juges décident que le contrat social – qui a été adopté au début de l’année en guise de constitution – et autres lois importantes soient observées dans d’autres décisions du gouvernement . Dans chaque région, les avocats de personnes (dizgeri) ainsi que d’autres procureurs travaillent dans l’intérêt public.

Au sommet du système juridique est le parlement de la justice (meclisa de Adalet) ; chacun des trois cantons a un. Chaque parlement de justice est composée de 23 personnes : trois représentants du ministère de la Justice, nouvellement fondée en Janvier 2014 ; onze des conseils de justice ; sept de la Cour constitutionnelle, et deux de l’association du barreau. Un membre du parlement de la justice parle publiquement. Cette configuration contient une différence encore plus importante avec les systèmes de justice traditionnels : avec trois représentants seulement le gouvernement de transition a peu d’influence légal.

Les parlements de justice ont la responsabilité de s’assurer que le système juridique réponde aux besoins de cette société en évolution rapide et en voie de démocratisation. Leur priorité est la reconstruction du système de justice. C’est encore squelettique, et de nombreux détails pratiques et n’ont pas été discutés ni décidés. Le système juridique à l’énorme devoir de d’établir de nouvelles bases légales dans le cadre du contrat social, mais il doit également se référer aux lois syriennes existantes, tant que les nouvelles lois ne concernent pas encore la totalité de la question. Pourtant, de nouvelles lois ne doivent pas être mis au point dans tous les domaines.

Toute loi, règlement ou directive et sont immédiatement analysés ; les éléments non démocratiques sont rayés et remplacés par de nouveaux jugés nécessaires nécessaire. Les trois cantons considèrent qu’ils existent dans le cadre de l’Etat syrien, mais avec un régime démocratique. Si une transformation démocratique n’est pas possible, une nouvelle loi pour la zone touchée sera créé.

En outre, les parlements de justice se penchent sur les questions techniques et administratives en suspens.
Jusqu’à présent, le travail dans les parlements de la justice s’est déroulé avec de nombreuses discussions, mais leurs membres n’ont eu de profonds désaccords, c’est du moins ce qu’ils disent. Compte tenu de la nécessité de construire un système judiciaire qui fonctionne assez rapidement, il n’y a pas eu beaucoup de temps pour des discussions approfondies qui ont dûes être reportée aux années à venir, quand la paix sera venenue comme nous l’espérons.

Formation du personnel

A la mi-2013 dans Qamişlo, une académie pour les juristes des trois cantons de Rojava a été fondée. C’était nécessaire parce que le nouveau système de justice nécessite au moins plusieurs centaines de professionnels et de personnel. Chaque cours d’éducation de base des études est de quatre mois. En mai 2014 deux groupes de trois douzaines de personnes chacune ont terminé la première unité. Après avoir passé des examens à la fin de quatre mois, les élèves peuvent commencer à travailler dans le nouveau système de justice. Mais leur formation ne s’arrête pas là, ils retournent à l’académie à intervalles réguliers pour une formation continue, pendant de nombreux mois et plus. Cette période de quatre mois relativement courte a été instituée seulement en raison du grand besoin de professionnels. Une meilleure formation des néos-juristes est en cours de discussion.

Résultats du nouveau système juridique

Il va sans dire que le nouveau système a aboli la peine de mort. La peine d’emprisonnement à vie (la durée maximale est temporairement fixé à 20 ans) peut être prononcée que dans les cas d’assassinat, de torture, ou de terreur. Jusqu’à maintenant cela ne s’est passé que deux fois dans Cizîre : pour un homme qui a assassiné une femme d’une manière barbare, et pour un homme qui a torturé et assassiné un membre des forces de sécurité (appelé Asayiş).

Dans Rojava, l’arrestation est considéré comme le dernier recours. Et selon les principes du système juridique, la personne arrêtée doit être considérée non pas comme un criminel, mais comme une personne à réhabiliter. Par prison, on entend des établissements d’enseignement et une fois que les moyens seront disponibles ils devront être transformés en centres de réadaptation et ne seront pas des institutions punitives. Les commissions juridiques de Rojava sont particulièrement concernés par la question des conditions de détention. Un membre du conseil de justice nous a expliqué : « Nous avons déjà privé les prisonniers de leur liberté ; nous ne voulons pas de les punir davantage avec les conditions de détention « .

Dans les deux dernières années, en raison du nouveau système de justice et en particulier de la plus grande auto-organisation du peuple dans les communes et les conseils, le nombre de crimes a diminué lentement, bien que des chiffres fiables soient encore difficiles à à être établis. Ils sont concentrés dans les périphéries urbaines. Dans le sud du Kurdistan, les dits crimes d’honneur restent monnaie courante, mais en Rojava, en particulier à cause du travail du mouvement des femmes, ces crimes ont sensiblement diminué.

Les comités de paix et de consensus

La différence la plus fondamentale entre le système de justice de Rojava et les systèmes de justice dans d’autres types d’États – capitalistes, socialiste-réels, parlementaires, dictatoriaux –, est l’existence des comités « paix et de consensus » au niveau local et les rôles qu’ils jouent dans la structure du conseil.

Les membres de « paix et consensus » sont nommés par les conseils populaires. Au niveau de la commune (la structure organisationnelle à la base du système de MGRK, composée de 30 à 150 ménages), tous les résidents participent à une assemblée et élisent les membres. A l’étage suivant de l’organisation, la communauté de district ou de village (autour de 7 à 10 villages), les comités « paix et de consensus » choisis par les conseils du peuple se réunissent avec les délégués des communes. Les niveaux plus élevés dans le système de conseils n’ont pas de comités « paix et consensus ».

Le système de conseil en Rojava a été construit au début de la révolution en Syrie il y a trois ans ; à partir de là, les comités de « paix et consensus » sont nés au niveau du district et de la communauté du village. À partir de 2012, avec l’émergence des communes, les comités de « paix et de consensus » ont été élus à ces niveaux les plus bas. La plupart des communes n’ont pas autorité sur ces comités.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, les premiers comités « paix et consensus » ont été construits dans les années 1990, bénéficiant la structure de MGRK. Sans cette expérience de longue date, il aurait été beaucoup plus difficile de construire ces comités si rapidement dans d’autres endroits. Les années de quinze et plus d’expérience ont été très précieux.

Chaque comité de la paix et de consensus est généralement constitué de cinq à neuf personnes, avec un quota de genre de 40 pour cent. Les élus sont généralement ceux qui sont considérés comme ayant la capacité de désamorcer par la discussion les parties en conflit. La plupart ont plus de 40 ans.

Les procédures des comités ne sont pas précisées par écrit dans les moindres détails ou même dans leur intégralité. Règles et principes se sont développés dans la pratique au fil des ans et dans une certaine mesure sont transmis verbalement.

Les membres « paix et consensus » ne doivent pas être compris comme des magistrats traditionnels, car ils sont élus démocratiquement et avec la parité entre les sexes. Un élément important est que les conseils et le mouvement politique qui sous-tendent la construction des comités se réfèrent aux conseils des anciens de la société traditionnelle. Les conseils des anciens n’existent plus guère aujourd’hui, ils ont disparus dans les années 1960 et 1970. Rojava s’est identifié à ces institutions traditionnelles, mais en les imprégnant des valeurs de son contrat social : démocratie de conseils, libération des genres, les droits de l’homme. En intégrant et en remplaçant les conseils traditionnels des anciens, ils constituent un pont de compréhension entre tradition et révolution.

La structure parallèle des commissions de femmes et Yikitiya Star devrait garantir que les structures et juridictions féodales n’ont plus aucune poids dans les cas de violence patriarcale. Dans ce contexte, les femmes sont la force motrice.

L’objectif des comités « paix et consensus », quand il s’agit de jurisprudence, n’est pas de condamner l’une ou l’autre parties dans un procès, mais plutôt de parvenir à un consensus entre les parties en conflit. Si possible, l’accusé n’est pas mis à l’écart si une peine est prononcée, ni enfermé, mais on fait comprendre que son comportement a conduit à l’injustice, aux dommages et aux blessures. Si nécessaire, cela entraîne une longue discussion. Parvenir à un consensus entre les parties est un résultat qui mènera à une paix plus durable.

Sur le long terme c’est un grand avantage pour la société locale qui favorise la paix et un rapprochement entre les groupes et les individus. La solidarité et la cohésion sociale se développent dans ce terreau qui a été l’expérience de deux années de révolution dans Rojava. Aujourd’hui, dans les communes et les localités, si la majorité des gens se comportent solidairement, sont capable de créer des coopératives et de prendre des décisions ensemble, c’est en partie parce que le travail des comités de paix et de consensus a été couronnée de succès.

Que les comités sont acceptés par la société et bénéficient d’un grand respect se voit aussi dans le fait que de plus en plus de personnes d’autres groupes ethniques se tournent vers eux, avec leurs problèmes. Il ne faut pas oublier qu’un grand nombre d’Arabes vivent dans des villes de Rojava.

Un autre indicateur des effets positifs de ces comités est le fait que là où ils sont bien organisés, les querelles et les disputes entre les individus, les familles et les groupes diminuent lentement comme les crimes, en particulier le vol, qui sont en déclin.

Cet article a été écrit par Ercan Ayboğa, et a été publié dans le Kurdistan rapport, Septembre-Octobre 2014; http://bit.ly/Konsens_entscheidend. Traduit par Janet Biehl. Une version abrégée de cet article est paru en Août 2014, le magazine TOA, no. 4, publié par le bureau de service pour Täter-Opfer-Ausgleich und Konfliktschlichtung; http://www.toa-servicebuero.de.

Black block d’Iran et Réseau de solidarité anarchiste

Déclaration de soutien à tous les Kurdes et à leur lutte pour la liberté

Nous, anarchistes de langue Farsi, exprimons avec force notre solidarité avec vous et nous exprimons notre extrême colère quant à l’injustice que subissent enfants, hommes et femmes, pour le profit du capital, des occupants, des criminels de guerre, des hommes d’Etat tyranniques.

Nous anarchistes, considérons que les droits des Kurdes et des Palestiniens sont tellement liés les uns aux autres qu’ils devraient être reconnus comme ne faisant qu’un. Les impérialistes en tout genres, main dans la main avec le régime islamique d’Iran, sont en train de ruiner la vie de personnes innocentes de cette planète tant au niveau régional qu’à l’échelle mondiale.

En premier lieu les dirigeants occidentaux déclarent se battre contre l’islamisation, mais au lieu de fournir aux résidents musulmans l’éducation gratuite et universelle, construisent de plus en plus de mosquées qui ne les libèrent pas de l’ignorance.

Laissez-nous exposer les sales tours des dirigeants occidentaux à tous les niveaux de la société occidentale, y compris parmi les gauchistes occidentaux. L’ignorance de ces gauchiste distraie le monde des véritables catastrophes, des faits et de toutes les choses terrifiantes qui se passent au Moyen-Orient, et a fait de la majorité des militants des forces hors de fonction en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et d’autres pays.

Pire encore, le militantisme de la gauche a tourné au travail « contre » les gens du Moyen-Orient, aboutissant au recrutement pour une superarmée du Hamas, du Hezbollah libanais et du régime islamique iranien criminel, dans des manifestations de masse en Europe et ailleurs organisées par des mosquées au nom du soutien à la cause palestinienne.

Ces gauchistes et groupes prétendument révolutionnaires ont défilé sans vergogne derrière le Hamas, le Hezbollah libanais et des drapeaux des régimes islamiques, et leur principale média était « Press TV », financé par le régime islamique d’Iran. Ils ont montré au monde entier, et aux gens du Moyen-Orient, qu’ils n’ont absolument aucune idée de ce pourquoi les gens du Moyen-Orient se battent et de ce dont notre peuple a souffert pendant tant de décennies et de siècles de la part de criminels de guerre sanglants et de toutes sortes de forces religieuses et de dirigeants réactionnaires.

Il est clair comme le jour, que le budget des mosquées dans les pays occidentaux et des rassemblement qu’elles organisent sont assurés par le régime islamique d’Iran, qui vit dans le sang des innocents Iraniens.

D’une part, les réseaux sociaux de médias sur Internet ont mis en lumière que les Républicains sous John McCain comme les Démocrates sous Hillary Clinton, ont admis sans honte comment ils ont créé « L’Etat islamique » « Daesh / ISIS », avec pour résultat que les gens du Moyen-Orient seront sacrifiés comme du bétail.

D’autre part, les régimes fascistes de Turquie, de Syrie, d’Iran, d’Arabie saoudite et d’Israël ont transformé la terre des peuple syriens, irakiens, palestinien et kurdes en un champ de commerce militaro-politique entre eux, qui détruit la vie de millions d’enfants innocents, de femmes et d’hommes.

Le monde prend conscience du racket exercé par les forces sanglantes de Daesh / ISIS qui profitent de milliards de dollars en vendant du pétrole à de grandes puissances tout en étant supportées militairement par des gouvernements oppressifs et réactionnaires de la région.

Assez, c’est assez !!!

Nous anarchistes, avec toute notre énergie et nos capacités, devrons trouver des solutions par nous-mêmes et avec le pouvoir des peuples, sans accepter aucune aide d’aucuns dirigeants corrompus ou de forces religieuses sanglantes ou de leurs instituts.

Le Hamas en Palestine comme toutes les autres forces religieuses sont des créatures du sionisme, de la CIA et d’autres grandes puissances.

Les nombreux siècles d’histoire du Moyen-Orient et de ses habitants, prouve que toute religion quel que soit son nom ou son but, a infligé les mêmes catastrophes dans la vie de personnes innocentes :

Lorsque la première pierre à une femme condamnée à la lapidation, doit être lancée par son propre fils (si elle en a)

Lorsque les doigts usés d’un pauvre innocent doivent être coupées par la guillotine

Quand le fouet descend sur le corps d’une femme / d’un homme innocent simplement parce qu’ils ne pratiquent pas le jeûne

Quand une femme / fille innocente doit être la 2e, 3e ou 4e épouse d’un vieillard décrépit

Quand une enfant de 9 ans doit épouser un tyran vieillissant

Quand les parents noyés dans le tourbillon de la pauvreté doivent vendre leurs organes pour nourrir leurs enfants

Lorsque à la place de la liberté de leurs enfants, leurs seront donnés les corps décapités de leurs proches, leurs vêtements imbibés de sang

Quand nos filles et fils seront violées par des tessons de bouteilles et leurs cadavres mutilés rendus à leurs parents le lendemain

Quand nos filles doivent être violées avant l’exécution selon les règles d’un Dieu sanguinaire

Quand des milliers d’autres scènes de torture font partie de la réalité en Iran ou dans tout autre pays en vertu de règles islamiques brutales exposant la vraie nature de Daesh / ISIS, du Hamas, du Hezbollah libanais, du régime islamique d’Iran – ainsi que tout autre groupe ou force violente et réactionnaire religieuse qui sont exactement du même moule

Chers Kurdes, nous croyons qu’à ce point de l’histoire, où une telle guerre ruineuse se passe contre vous tous, contre vos maisons et vos vies, notre tâche n’est pas seulement de vous aider mentalement mais aussi physiquement et nous sommes avec vous coude à coude, et nous allons continuer à lutter pour la liberté.

Vive la lutte de tous les peuples opprimés

Vive la liberté, l’égalité et la justice sociale

Pour détruire l’alliance cachée du capitalisme et du fondamentalisme religieux, Daesh, le sionisme, le Hamas, le Hezbollah du Liban, le régime islamique d’Iran et tous les autres réactionnaires.

Black Block d’Iran et réseau anarchiste

Vue sur le site Regard Noir de la Fédération anarchiste

 

Un vendeur de journaux kurdes assassiné en Turquie

Un distributeur de journaux kurdes, Kadri Bagdu, a été assassiné le 14 octobre à Seyhan, dans la région d’Adana. Reporters sans frontières (RSF) a condamné fermement cet assassinat qui ravive le souvenir des années noires en Turquie.« L’assassinat ciblé de Kadri Bagdu évoque les heures les plus sombres de la récente histoire turque » a déclaré l’organisation.

Le vendeur de journaux âgé de 46 ans était en train de distribuer les quotidiens kurdes Azadiya Welat et Özgür Gündem dans le quartier Sakir Pasa de Seyhan, lorsque deux individus à moto ont tiré sur lui avant de prendre la fuite. Atteint de cinq balles, dont une à la tête, il a succombé à ses blessures quelques heures plus tard.

Employé de la société de presse Firat, Kadri Bagdu travaillait depuis 17 ans dans ce secteur. L’organisation rappelle que cet assassinat intervient au terme d’une semaine marquée par les émeutes les plus violentes depuis 30 ans en Turquie.

« Nous adressons nos sincères condoléances aux proches et aux collègues de Kadri Bagdu », déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières. « Une enquête complète et impartiale doit être diligentée pour identifier au plus vite les tireurs et leurs éventuels commanditaires. Nous en appelons aux autorités et à toutes les parties prenantes pour enrayer la montée des tensions et éviter qu’à cet assassinat ciblé ne succède une nouvelle spirale de violence. »

La politique liberticide du gouvernement AKP et sa position inhumaine et anti-kurde face à la résistance des combattants qui défendent farouchement la ville de Kobané, assiégée par les barbares de Daesh depuis 15 septembre, a déclenché le 6 octobre une mobilisation sans précédente des Kurdes en Turquie, se soldant par la mort d’une quarantaine de personnes en une semaine.

Près de 80 travailleurs de la presse kurde tués

L’assassinat de Kadri Bagdu rappelle les années 1990, au cours desquelles des dizaines de journalistes et distributeurs kurdes ont été assassinés en plaine rue et les locaux des journaux ont été la cible des attaques à la bombe.

Entre le 30 mai 1992 et le 14 avril 1994, huit correspondants et dix-neuf distributeurs du quotidien Özgür Gündem ont été assassinés par les forces de l’Etat. Interdit en 1994, ce journal a de nouveau vu le jour en avril 2011, soit 17 ans plus tard.

Après l’interdiction, le journal Özgür Ülke avait remplacé Özgür Gündem avec le slogan « Aucune vérité ne restera dans l’obscurité ». Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1994, trois explosions ont visé deux bureaux du journal à Istanbul et un à Ankara, faisant un mort et 23 blessés parmi les travailleurs. Quinze jours plus tard, le journal a révélé un document « confidentiel » signé par Tansu Ciller, la première et la seule femme à exercer la charge de Premier ministre dans son pays entre 1993 et 1996.

Depuis le premier journal de cette tradition, appelée « la presse libre », plus de 50 journaux quotidiens et hebdomadaires sont sortis, défiant toutes les autorités répressives. Au moins 77 travailleurs de la presse kurde dont plus de 30 correspondants ont été tués depuis 1990 en Turquie, tandis que des dizaines de journaux ont été fermés des centaines de reprises et des locaux ont été détruits par des bombes sur ordre des autorités.

23 journalistes emprisonnés

En 2013, la Turquie était la plus grande prison du monde pour les journalistes. Entre 2009 et fin 2013, le nombre de journalistes emprisonnés a dépassé le seuil des 100 personnes. Selon la Plateforme de soutien aux journalistes emprisonnés (TGDP), 23 journalistes dont 3 rédacteurs en chef et directeurs étaient toujours derrière les barreaux en juillet 2014.

Lu sur Actukurde.fr

À Kobané, dans le Kurdistan syrien, des anarchistes de Turquie rejoignent le combat contre Daech

Depuis plusieurs jours, la ville de Kobané subit les attaques de Daech (État islamique en arabe), provoquant un exode massif de la ville par les Kurdes.

De nombreux Kurdes reviennent pour se battre et défendre la ville malgré leur refoulement à la frontière par les forces turques. Les forces kurdes continuent à se battre contre Daech à l’intérieur de la frontière aux côtés de l’Armée syrienne libre. Parmi ceux qui vont soutenir et défendre Kobané se trouvent des camarades du groupe anarchiste turc Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF, Action révolutionnaire anarchiste).

Déclaration d’Action révolutionnaire anarchiste

À Shingal, Kobané et dans tout le Rojava (Kurdistan de Syrie),
l’État islamique est Dehak (le tyran) et le peuple est Kawa (le libérateur) [1]

L’État islamique, sous-traitant des États qui poursuivent des stratégies de revenu dans la région, attaque le peuple en criant « État islamique ! » et « guerre sainte, djihad ! ». Le peuple souffre de faim et de soif, tombe malade, est blessé ; il migre et il meurt. Dans cette lutte pour l’existence, il continue à se battre. Le peuple se bat, non pour les machinations et stratégies autour des tables de réunion, non pour un revenu, mais pour sa liberté.

Car la liberté, c’est exister face au danger de ne pas exister. Car la liberté, c’est vivre. Comme la lutte de Kawa : défendre la vie en résistant contre les Dehak.

Et maintenant, les États-Unis, l’Union européenne, la Turquie, autant d’États qui s’attendent à tirer des revenus de la région, forment des coalitions contre l’État islamique, la « violence procréée » qui en réalité ne les dérange pas du tout. Ceux qui n’aiment pas leur position au sein de la coalition se mettent à comploter, les rapports se tendent et se détendent, puis se tendent à nouveau, tous les côtés changeant leur discours de l’aube jusqu’à la nuit tombante et agissant de manière incohérente.

C’est après tout la caractéristique la plus évidente de tout État. On ne peut pas attendre des États qu’ils se tiennent droits car les États n’ont pas d’échine. Des États veules dont la seule attente est le revenu auraient hier fondé l’État islamique, aujourd’hui le regrettent, et demain reconnaîtront l’État islamique. Et tout comme par le passé, le peuple se battra toujours pour son avenir et sa liberté.

Salut à tous ceux qui se battent et défendent la vie dans le Rojava !

Tous les complots des États et du capitalisme seront détruits, la violence procréée sera anéantie, l’État islamique perdra face aux combattants de la liberté et le peuple vaincra toujours. Nous tirons notre idéal de la liberté de Kawa, qui s’est élevé contre Dehak. Et nous tirons notre idéal des nombreux camarades luttant contre les Dehak.

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[1] Note de la traductrice : Dehak — le roi tyran — et Kawa — qui s’y opposa, organisa la résistance de ses sujets et mena avec eux une bataille victorieuse contre lui — sont les personnages de la légende kurde à l’origine de la fête du Newroz.

« Depuis la nuit des temps, les Kurdes et les peuples du plateau iranien (Persans, Afghans, Tadjiks) marquent l’équinoxe du Printemps avec des festivités qui peuvent durer plusieurs jours. Dans la tradition kurde, il s’agit de fêter la victoire des forces des lumières et du Bien sur celles des ténèbres et du Mal. La légende du forgeron Kawa soulevant le petit peuple contre le tyran Dahak et mettant fin au règne sanguinaire de celui-ci au premier jour du printemps donne à cette fête traditionnelle un contenu libérateur qui a traversé les siècles. » (Institut kurde).

 

Lu sur La voix du Jaguar