Bataille de Kobanê

Actuellement, les forces kurdes contrôlent environ 80-85% de la surface de la ville de Kobanê. Les dernières contre-attaques des djihadistes ont échoué et ceux-ci ne cessent de perdre du terrain. La prise de la colline de Mistenûr au sud-est de la ville marque un tournant et pour le commandement des YPG/YPJ, le début de la phase finale de la libération de Kobanê. Plusieurs villages situés au sud et sud-est de la ville auraient déjà été libérés ces dernières 48h, pour la première fois en 4 mois.

Libération de la colline de Mistenûr, l’heure est venue de libérer Kobanê

Jeudi 22 janvier 2015

Biharin Kendal, l’une des commandantes des YPJ dans Kobanê, a déclaré que la prise de la colline de Mistenûr, première étape de l’opération pour libérer Kobanê, s’était achevée.

Pendant les combats au cours desquels, en octobre 2014, la combattante des YPJ Arin Mirkan a fait le sacrifice suprême, la colline de Mistenûr a gagné une importance symbolique en plus de son importance stratégique.

Les forces des YPG/YPJ ont lancé une opération pour chasser les bandes de l’EIIL hors de Kobanê il y a un mois, et après le nettoyage de nombreux points stratégiques, la colline de Mistenûr a aussi été libérée. En prenant Mistenûr, les YPG ont établi une position dominante sur l’ensemble de la ville de Kobanê, la route d’Alep et les routes utilisées par l’EIIL pour amener des renforts.

Biharin Kendal, commandante des YPJ, a parlé à Firat News Agency au sujet de l’opération pour la libération de Mistenûr.

Biharîn Kendal a expliqué comment les forces des YPG et YPJ avaient vaillamment défendu la colline de Mistenûr lorsque les bandes d’EIIL avaient attaqué en octobre 2014. Elle a dit que les combattants des YPG et YPJ avaient opposé une résistance héroïque avec des armes légères, face à une force largement plus importante en possession de chars et d’armes lourdes.

« Nous avons défendu la colline en dépit d’une puissance de feu inférieure »

Biharin Kendal a ajouté que le sacrifice consenti par Arin Mirkan, qui s’est fait exploser parmi les membres de l’EIIL au moment où ils prenaient la colline, symbolisait l’héroïsme affiché par les combattants des YPG et YPJ.

« Après la chute de Mistenûr, nous avons continué notre résistance dans la ville »

Biharin Kendal a déclaré : « quand les bandes de l’EIIL sont entrées dans la ville après la prise de Mistenûr, nous avons déclaré que nous allions transformer la ville en un enfer pour eux. Nous nous sommes battus dans chaque maison et dans chaque rue, nous avons versé notre sang et perdu nos camarades. Mais nous savions que nous pourrions reprendre Mistenûr et nos plans ont porté leurs fruits ».

« Avec la reprise de Mistenur, la première étape est achevée, nous allons maintenant libérer Kobanê »

Biharin Kendal dit que la prochaine étape est de nettoyer toute la ville des bandes et de déclarer la victoire finale.

« Quelques jours avant, nous avons mis les drapeaux des YPJ et des posters du leader Apo dans nos sacs prêts à les accrocher sur la colline de Mistenûr. Nous n’avions aucun doute que nous prendrions Mistenûr, et quand nous l’avons fait, nous avons accroché les affiches de nos martyrs. En reprenant la colline nous avons rempli les souhaits d’Arin Mirkan et de nos autres camarades qui sont tombés dans la lutte ».

Biharin Kendal a expliqué les avantages d’avoir pris le contrôle de Mistenûr, ajoutant que l’EIIL ne serait plus en mesure de se déplacer librement sur la route d’Alep ou sur la route menant à la frontière de Tel Abyad. Elle a dit que « nous avons maintenant le contrôle de toute la ville et des villages à l’est et au sud. Nous allons maintenant écraser les bandes dans les quartiers de l’est où ils ont le dos au mur. En temps de guerre, quand vous prenez le point le plus stratégique, cela signifie que la fin est proche pour l’ennemi ».

« Il est difficile de freiner nos combattants »

Biharin Kendal dit que le moral et l’esprit des combattants étaient à un niveau record, ajoutant qu’ils attendaient avec impatience le coup final contre les bandes de l’EIIL. Elle a ajouté que les combattants « nous demandent d’en finir avec les bandes de l’EIIL. La faim et la fatigue n’ont pas d’importance pour eux. Nous constatons qu’il est difficile de les retenir ».

« Nous promettons la victoire finale à notre peuple »

Biharin Kendal a remercié les personnes qui ont maintenu des veillées le long de la frontière pendant des mois, ajoutant que la victoire finale dans Kobanê était proche. « Nous promettons que nous allons offrir la victoire à toutes les mères héroïques du Kurdistan qui ont perdu des enfants, et nous allons continuer la lutte dans laquelle nos camarades sont tombés jusqu’à la fin. Kobanê et la résistance triompheront », a-t-elle ajouté.

Source : http://en.firatajans.com/news/news/mistenur-is-liberated-now-for-kobane.htm

Une vidéo ici (ah, les drones !) : https://www.youtube.com/watch?v=Xrgm5UA7mTA&feature=youtu.be&a

2 cartes en date du 24 janvier 2015

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Autres nouvelles

Hasakah – Syrie

Le 17 janvier, de violents combats ont opposé les forces loyalistes syriennes (Forces de Défense Nationale, des unités auxiliaires de l’Armée arabe syrienne) aux forces kurdes (et leurs alliés syriaques) dans la province de Hasakah (où se trouve le canton kurde oriental de Cizîrê) et dans la ville du même nom. Les combats se sont déroulés dans trois quartiers de la ville, les pro-Assad ayant été aidés par des hélicoptères de l’armée balançant des barils d’explosifs, notamment sur un quartier kurde faisant de nombreuses victimes et sur une colonne de renforts des YPG en provenance de Qamishli. Après avoir perdu du terrain, les Kurdes ont lancé une contre-offensive et repris le terrain perdu, prenant même possession d’un poste de police et faisant une trentaine de prisonniers. Plusieurs victimes de part et d’autres. Pendant ce temps, Daesh en a profité pour prendre des positions au sud-ouest de la ville.

Hasakah est une zone stratégique pour l’EI car elle se trouve sur la route qui relie les deux principales villes tenues par les djihadistes, Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak. C’est aussi le verrou qui protège le canton kurde de la Jazîra (Cirîzê) juste au nord.

C’est aussi le dernier bastion du régime dans la région, s’appuyant sur une forte proportion de populations arabes dans cette partie méridionale de la province et dans sa capitale. Un cessez-le-feu est intervenu au bout de 3 jours entre l’armée syrienne, les cheiks arabes de la ville et les YPG.

L’interprétation de ces combats.

Pour l’opposition syrienne, ce serait là une mise en scène visant à faire croire qu’il y a une opposition entre les Kurdes et le régime alors que, selon elle, ce n’est pas vrai. Cette mise en scène servirait à légitimer la présence des Kurdes comme force belligérante à la conférence de Moscou. Point de vue que l’on retrouve sur ce blog : http://syrie.blog.lemonde.fr/2015/01/21/fin-de-la-lune-de-miel-ou-simple-eclipse-dans-les-relations-entre-le-regime-syrien-et-le-pyd/.

Pour les forces du régime d’Assad, les Kurdes sont devenus les alliés de la coalition dirigée par les USA et sont donc passés dans le camp ennemi, la preuve étant qu’ils sont invités à Moscou.

Les Kurdes ont tendance à y voir le début d’une alliance entre Daesh et le régime pour se partager la région du nord-est syrien et remonter vers le nord (Qamishli) pour faire assiéger la « capitale » de la Jazîra et faire éclater en deux le plus grand canton kurde du Rojava. La crainte des Kurdes est que le retrait probable des djihadistes de Kobanê sanctionnant leur défaite pourrait bien se traduire par le déplacement massif de combattants sur un nouveau front plus à l’est, pour y mener une nouvelle offensive, sur Hasakah cette fois.

Sinjar (Shengal en kurde) – Irak.

Bataille en cours depuis plusieurs semaines pour reprendre toute la région et la ville des Kurdes yézidis de Sinjar. Combats contre l’EI dans lesquels s’affrontent d’un côté les peshmergas du KRG de Barzani, et les Hêzên Parastina Şengal (HPŞ, Forces de Défense de Shengal) créées par le PDK et de l’autre, les unités combattantes liées au PKK (HPG et YJA-Star), les YPG/YPJ des Kurdes de Syrie, leurs alliés syriaques de la Jazîra (que les syriaques appellent Gozarto) du MFS (Mawtbo Fulhoyo Suryoyo, Conseil Militaire Syriaque) ainsi que les Yekîneyên Berxwedana Şengalê (YBŞ, Unités de Résistance de Shengal), crées en août 2014, proches du PKK/PYD, équipés d’armes légères et entrainées à la guérilla.

Pour ou contre la création d’un canton autonome

Les mouvements de la gauche kurde ont décidé de proclamer la création d’un canton autonome de la région de Sinjar. Le 14 janvier, une assemblée de 200 membres s’est réunie dans la zone libérée des monts Sinjar. Cette Assemblée des Yézidis de Sinjar a regroupé entre autre des réfugiés de deux camps ainsi que des représentants de Yézidis qui avaient trouvé refuge dans la montagne.

http://diclenews.org/en/news/content/view/440093?page=7&from=1923065108

http://diclenews.org/en/news/content/view/440127?page=7&from=1923065108

Mais les composantes traditionnelles et soutenues par le KRG de Barzani ont déclaré qu’ils s’opposaient à cette création, déclarant que c’était une initiative du PKK qui n’a rien à faire dans cette région. La région de Sinjar, peuplée essentiellement par des Kurdes yézidis, ne fait pas partie du territoire du KRG mais est situé en Irak. Les peshmergas du KRG ont fui lors de l’offensive djihadiste en août 2014 et c’est une intervention vigoureuse de la guérilla du PKK et celle du PYD qui a permis de créer un corridor humanitaire par lequel presque tous les réfugiés des monts Sinjar ont pu s’enfuir, soit vers le Kurdistan d’Irak soit vers le canton kurde de Cizîrê en Syrie.

Mais ce corridor n’a pu être maintenu. Il y a actuellement une offensive pour libérer la ville de Sinjar et nettoyer la région de toute présence djihadiste. Les peshmergas, organisés selon le schéma d’une armée classique et disposant d’un meilleur armement depuis les dernières livraisons de la coalition, tente de prendre de vitesse les autres unités combattantes par le nord-est, essentiellement les HPG-YJA-Star, YPG et YPJ, Yézidis des YBŞ, organisées et entrainées sur le principe de la guérilla, qui attaquent par le nord-ouest et l’ouest.

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Un conflit principal et d’autres conflits simultanés

Il y a donc une opération de grande envergure contre l’EI dans cette province de Ninive du nord de l’Irak (qui comprend Mossoul). Et parallèlement, se déroule une bataille d’influence entre le KRG/PDK des Kurdes d’Irak (alliés avec l’armée irakienne et la coalition occidentale pour que l’Etat irakien récupère la souveraineté de la province de Ninive) et la « gauche kurde » et ses alliés qui veut pousser son avantage dans la mise en place de son « modèle » d’autonomie territoriale et politique. Avec nombre d’inconnues : les Assyriens d’Irak (chrétiens), qui ont constitué leurs propres unités combattantes dans la province (les NPU – Niniveh Plain Protection Unit), ainsi que les NPF (Niniveh Plain Forces, proches du MFS de la Jazîra) réclament plus d’autonomie dans le futur ; l’armée irakienne n’a pas les moyens de libérer Mossoul, dans l’immédiat du moins, et officiellement, les peshmergas ne veulent pas s’en charger seuls car il y aurait le risque sérieux de déclencher un conflit ‟ethnique” arabo-kurde.

Beaucoup d’analystes considèrent que la « bataille de Mossoul » et de la province de Ninive pourrait commencer à être livrée au printemps.

A suivre.