Un message des anarchistes sur place : « La révolution l’emportera à Kobanê ! »

Des camarades de l’Action anarchiste révolutionnaire (DAF) se sont portés au secours de la ville de Kobanê, assiégée par l’État islamique (Daech). Une partie a pénétré dans la ville. D’autres sont restés dans un village sur le territoire turc, Boydê. Ils et elles nous envoient ce message.

De Boydê, le 8 octobre 2014. 24e jour du siège de Kobanê par l’État islamique (Daech). Tandis que, dans tous les villages frontaliers, des militantes et des militants font rempart de leurs corps pour dissuader les attaques, toute la population, dans toute la région, s’est dressée pour empêcher la chute de Kobanê.

Depuis près de trois semaines, nous faisons office de boucliers humains dans le village de Boydê, à l’ouest de Kobanê. Ces deux derniers jours, les explosions et le fracas des armes se sont intensifiés dans les banlieues et dans le centre-ville. En même temps, les soldats turcs ont augmenté leur pression. Toutes celles et ceux qui approchaient la frontière, d’un côté comme de l’autre, ont été ciblés par des grenades lacrymogènes. Le village où nous nous trouvons a subi une attaque de ce type mardi. Plusieurs personnes ont également été blessées par des tirs à balles réelles.


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Chaîne humaine au village de Boydê

Ces attaques sur les villages frontaliers signifient que les hommes de Daech sont, eux, autorisés à franchir la frontière. Le soutien de la République turque à Daech est évident ici. Bien sûr, ce n’est pas seule chose qui est évidente.

Nous avons appris qu’un des commandants de Daech dirigeant l’offensive sur Kobanê a été abattu par les YPG-YPJ [1] Pourtant, les combats n’ont pas diminué en intensité ; ils n’ont presque pas cessé de la journée.

Nous savons à présent que les explosions que nous entendons sont le fait des YPG-YPJ. Les miliciennes et les miliciens ont déserté les rues du centre-ville pour prendre les djihadistes en embuscade et, semble-t-il, cette tactique a fonctionné.

Dans les réunions, au village, certaines rumeurs font sensation. L’une d’elle est la crainte qu’inspirent les combattantes des YPJ aux djihadistes. En effet, Daech incarne l’État, la terreur, le massacre… mais aussi le patriarcat. Et les djihadistes craignent de ne pouvoir être considérés comme « martyrs » s’ils sont tués par une femme. D’où leur peur d’affronter les YPJ. Il faut dire que quand elles les rencontrent, les combattantes sont sans pitié. Cette lutte des YPJ, c’est celle de la liberté contre le patriarcat.

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 Un militant de DAF à Kobanê

Ces deux derniers jours, le soulèvement au Kurdistan et dans les villes d’Anatolie donne un sentiment d’invincibilité du peuple organisé. Ce soulèvement renforce la confiance à Kobanê, dans les villages frontaliers et dans tout le Rojava [2] Chaque fois qu’un frère ou qu’une sœur tombe, notre douleur est vive, mais plus vive encore notre colère et notre détermination. Les cérémonies funèbres qui débutent à genoux se muent rapidement en danses effrénées, le martèlement de nos pas fait trembler la terre et transforme notre peine en une véritable rage.

C’est tout ce dont nous avons besoin ici. Pour la liberté et la révolution que nous espérons, en dépit de tout.

Vive la résistance populaire de Kobanê !
Vive la révolution au Rojava !
Vive l’Action anarchiste révolutionnaire !

(traduction Alternative libertaire)